La dépression dans l’épilepsie et témoignages de patients Pr Bertrand de Toffol, Recherches et Perspectives, Novembre 2010, N°3
Résumé de l’article du Pr de Toffol, lien ci-dessous.
En document joint, un questionnaire d’évaluation du stress
Prévalence de la dépression chez les personnes épileptiques et sous-diagnostic
Chez les personnes épileptiques dont le traitement permet le contrôle des crises, soit environ 70% des personnes épileptiques, le taux de troubles dépressifs n’est pas différent celui de la population générale (soit 5 à 7%). En revanche, chez les personnes avec une épilepsie pharmaco-résistante, la prévalence de la dépression est de l’ordre de 50%. Le risque de suicide est 3 fois plus élevé que dans la population générale.
Il y a un problème de diagnostic, car une fois sur deux l’épisode dépressif n’est pas diagnostiqué chez les patients épileptiques pharmaco-résistants. Cela est en partie imputable au manque de formation des neurologues.
Manque de formation des neurologues et des psychiatres, nécessité d’outils de détection spécifique
Il est nécessaire de former les neurologues à la psychiatrie, et en parallèle des psychiatres à l’épileptologie. La présence d’un psychiatre dans tous les centres spécialisés dans l’épilepsie permettrait d’avancer, ainsi que l’utilisation d’outils de diagnostic de la dépression propre à l’épilepsie, comme le NDDI-e [1], car les critères internationaux DSM IV de la dépression sont rendus inadaptés aux patients épileptiques en raison des traitements anti-épileptiques qui peuvent causer des symptômes habituellement liés à la dépression. Chez les personnes épileptiques, le symptôme majeur de la dépression est, davantage que la tristesse, l’anhédonie, c’est à dire la perte du plaisir de vivre, la perte de l’envie de faire des choses qui avant apportaient de la satisfaction.
Amélioration de l’épilepsie avec le traitement de la dépression
Le fait de traiter la dépression améliore souvent le contrôle des crises et en diminue la fréquence.
Enfin, il y a de forts arguments en faveur d’un lien biologique entre dépression et épilepsie. Une personne non épileptique qui connait un épisode dépressif a 4 fois plus de risque de développer une épilepsie par la suite. Une des hypothèses pour expliquer le lien bi directionnel entre dépression et épilepsie met en avant le rôle de la sérotonine. Il y a des différences dans le métabolisme de la sérotonine entre les personnes épileptiques et les personnes non malades.
Le rôle des médicaments
Enfin, quant à la question de savoir si les médicaments pouvaient jouer un rôle dans la dépression, certains MAE ont prouvé leur efficacité dans la prévention des rechutes dépressives de type bipolaire, alors que d’autres sont "dépressogènes". Il arrive que l’arrêt d’un traitement entraine une dépression chez un patient car le médicament, non efficace contre l’épilepsie, avait un état stabilisateur de l’humeur.
Témoignage de Thibaut :
" je suis persuadé que ma dépression et mon épilepsie sont liées", "on avancerait dans l’épilepsie si on arrivait à associer un peu plus ces deux choses : l’état dépressif, le malaise face à la vie qui entraine les crises"
Témoignage de Corinne :
"Il n’y a pas assez d’écoute entre médecin et patient. On discute de faits "chimiques", de traitement mais on n’aborde pas les aspects psychologiques, ou, pour être plus précise encore, ce que j’appellerais la gestion des émotions, un point extrêmement important pou les personnes épileptiques"
Témoignage de Tristan Volson
Je veux souligner le lien entre dépression et épilepsie : on commence à aller mal, on est dépressif et les crises sont plus nombreuses et plus on fait de crises, plus on est dépressif.
Et la dépression, ça n’aide pas à voir du monde, à communiquer. Heureusement, j’ai la chance d’avoir quelques amis fidèles et une famille qui s’occupe de moi.